La journée était déjà bien entamée quand Sirius s'était éveillé. Enfin, bien entamée.. Pour le Barghest, ne se réveiller que vers 9 heures ets synonyme de grasse matinée : il a dormi un peu plus de 3 heures d'affilées. Ce n'est pas un dormeur, c'est le moins que l'on puisse dire. Sirius est un veilleur, un gardien. Son rôle est d'arpenter la ville pour veiller à son bien être, pas de ronfler dans une coin, étalé comme un éléphant de mer. Mais trêve de trivialité, recentrons nous sur le sujet.

Avec un petit bâillement, l'énorme chien se redresse et observe les alentours. Du fond de la ruelle, il voit les passants s'activer d'un air affairé, comme si le monde dépendait de leurs petites actions innocentes. Sirius lui même se met parmi les fourmis, qui oeuvre à leurs petites mesures et organisent leur minuscules vies avec le plus grand sérieux. Il a conscience de n'être rien, mais s'acquittera de sa tâche malgré tout. On appelle cela le sens du devoir, et le gardien de la ville en est un digne représentant.

Il s'ébroue, et fait la toilette de son pelage canin. Mine de rien, cela demande du temps.. Et Sirius est quelqu'un de fondamentalement propre. Ce n'est pas parce qu'on loge dans la rue pendant la moitié du temps ou plus qu'il faut accepter de se rouer dans la fange. Donnant de larges coups de sa langue râpeuse pour lisser la fourrure, il vérifie méticuleusement que celle-ci soit impeccable. Puis, il se dirige vers un coin où sont rangés ses habits. Ceux-ci sont pliés, soigneusement placés au sec dans un sac étanche. Des caches comme ça, Sirius en a partout en ville. Douwha est truffée d'endroits où il a des effets personnels.. Après tout, il faut savoir s'organiser quand on vit dans la rue. Et pour le moment, personne ne mérite qu'il ne s'attarde sous un toit en particulier. À tel point que l'idée ne lui effleure même pas l'esprit : ayant au fond toujours connu la solitude, comment pourrait-il penser à autre chose ?

Une fois vêtu et présentable selon les normes humaines, le canidé se fond dans la foule et part en quête de nourriture. Et voici le début d'une nouvelle journée, comme tant d'autres. Mais en trainant un peu des oreilles, il entend parler d'une agression. Ah, ça, il aime beaucoup moins. La ville a beau ne pas être sa propriété attitrée, il n'en reste pas moins le gardien auto proclamé. Hors de question de laisser n'importe quoi se faire chez lui ! Finalement, il se déniche de quoi satisfaire son estomac grondant et décide de mener sa petite enquête. Une parmi tant d'autres.. Bien que Sirius ne donnerait sa place de gardien pour rien au monde, il doit bien avouer que parfois le nombre de ruelles à contrôler se fait sentir.

Finalement, il décide de finir sa ronde avant de s'occuper de cette affaire. Nul besoin de se précipiter : ceux qui savent ne sont pas des gens de journée. Si on veut trouver une information, c'est à la tombée du jour qu'il faut commencer à chercher. Bien qu'il soit discret, le barghest commence à être connu dans les bas fonds. Au moins par certains avec qui il a l'habitude de travailler. Mais apparemment, aujourd'hui il va lui falloir composer avec une nouvelle source d'information : Poucet. Ce nom, il le connait vaguement et l'associe à la Taverne, entre autre chose. Mais de mémoire canine, ils n'ont pas encore eu l'occasion de se croiser. À vrai dire, il n'est même pas sûr que l'homme de joie sache qui est Sirius, ni même qu'il existe. Fidèle à sa légende, celui-ci reste pour beaucoup une simple ombre peu rassurante, voir menaçante..

À la fin du jour, Sirius se dirige d'un pas vif vers la Taverne. Normalement, c'est là qu'il pourra trouver son futur indic. En espérant que celui-ci accepte de parler de lui même. Cela risquerait de lui compliquer la tâche, sinon. Le gardien est prêt à débourser pour payer quiconque collabore, mais en cas de résistance ce sont les crocs qu'il n'hésite pas à montrer pour être plus convaincant. Encore que parfois, certains demande des prix bien étonnants en échange de leur collaboration.

Une fois arrivé, Sirius fait savoir au chef d'établissement qu'il souhaite rencontrer Poucet, mais visiblement celui-ci n'est pas dans les environs. Et qu'on ne sait pas à quelle heure il arrivera.. Avec un sourire serein, Sirius répond qu'il attendra, et se prend une table à l'écart avec une énorme tasse de café. De là où il est, son regard embrase la salle entière, et il trompe l'ennui en observant l'assemblée. Qu entre, qui sort, qui rit fort ou qui se fait discret.. autant de chose qu'il observe et garde ne mémoire. Sait-on jamais, cela pourra servir plus tard.

Et enfin, Poucet arrive. Bien que fugitif, l'expression de surprise qui apparait un instant amuse le brun : le connaîtrait-il déjà ? mais déjà, le blond a repris le contrôle de lui même et s'avance. D'ailleurs, son déhanché savamment dosé arrache un sourire à Sirius. Il faut bien admettre que le jeune homme sait jouer de ses arguments. Le décalage entre leurs deux physionomie est d'autant plus frappant quand le jeune homme s'assoit en croisant les jambes : le petit svelte et blond comme les blé d'un côté, le grand massif et brun comme la nuit de l'autre. D'un calme toujours olympien, le gardien incline de la tête pour saluer le jeune homme.

- Enchanté. je me nomme Sirius Withby, mais vous pouvez m'appeler Sirius ou Barghest, à votre guise. Peut-être avez-vous entendu parler de moi ?

Sa voix grave résonne sourdement, et un sourire en coin s'affiche à ses lèvres. Comme toujours, Sirius a tendance à légèrement rouler les "r" lorsqu'il prend la parole, les modulant en ersatzs de grondements sereins. Placide, il le laisse faire son petit numéro avec sa main un bref moment avant d'incliner la tête, toujours souriant.

- J'accepte l'invitation avec plaisir. Cela nous permettra d'échanger de façon cordiale autour de quelques sujets qui me préoccupent. Et il me semble que dans le cas de certains, vous pourriez m'aider. Si cela ne vous gêne pas, bien sûr. Mais je suis persuadé que vous serez des plus collaboratifs.

Avec un demi sourire, SIrius voit l'attitude du jeune homme changer lorsque celui-ci comprend que ce n'est pas pour rendre hommage à son sex appeal que le brun est venu. Et d'ailleurs, s'il sait reconnaître quand un homme a du savoir faire dans la séduction ou non, le gardien le préfère de loin lorsqu'il abandonne son numéro pour se montrer sous un jour plus naturel. À son sens, cela lui confère nettement plus de charme.

Le fait que le blond ait en effet entendu parler de lui fait un peu plus sourire Sirius, qui incline la tête. Il est fier que l'on connaisse son existence dans la ville, même sans l'avoir rencontré en personne. Ce n'est pas tant la gloire ou le fait d'être connu qui le comble d'aise, mais le fait que cette renommée participe à la dissuasion d'actions répréhensibles. car si on sait qu'un gardien rôde, on y réfléchit à deux fois avant d'agir de manière inconsidérée.. Ou pas. Mais au moins, les fauteurs de troubles sont prévenus : le chien de l'ombre viendra leur demander des comptes, et avec les intérets..

À l'invitation, le brun ramène ses bras vers lui pour libérer sa tasse de café vide afin que le serveur la prenne. Poucet semble avoir ses habitudes, et le gardien ne trouve guère cela étonnant : ils sont sur son lieu de travail, après tout. Après un instant de réflexion, il incline la tête et commande une grande tasse de café avec un léger sourire. À plusieurs reprises, il a pu voir la surprise de ses interlocuteurs lorsque ceux-ci constataient qu'il ne buvait pas d'alcool ni ne fumait. Après tout, on s'y attend souvent avec les hommes de carrure, allez savoir pourquoi. Sans doute un vieux stéréotype qui a la vie dure. Mais le fait est que le brun se passe de tout cela allègrement : après tout, il a besoin de toutes ses capacités pour traquer l'infâme et l'irresponsable qui mènent la vie dure aux honnêtes citoyens.. Hors de question de s'enfumer les poumons, ils a besoin de son souffle. Hors de question de s'embrumer l'esprit, il a besoin de ses réflexes..

Lorsque le serveur s'éloigne et qu'il est temps de passer au vif du sujet, Sirius marque cependant un temps d'arrêt. À vrai dire, il est surpris que Poucet se plie si aisément à sa requête, et surtout qu'il ne demande aucune contrepartie. Tiens, voilà qui n'est pas si courant.. D'ordinaire, ses interlocuteurs marchandent, demandent quelque chose en échange.. Et c'est bien naturel. Qui prétend vouloir travailler gracieusement ? certainement pas Sirius, et il n'entend pas imposer cela à quelqu'un qui accepte de collaborer.

- Je suis surpris que vous soyez si conciliant.. En échange de votre contribution, comment puis-je vous rémunérer ? Après tout, chaque peine mérite un salaire.. Même si celui-ci peut prendre diverses formes, je le reconnais bien volontiers. Alors, que désirez-vous en retour pour que cela fasse un échange équivalent ?

Un léger sourire vient orner les lèvres du traqueur alors que le serveur dépose les boissons sur la table. Après avoir humé l'odeur de café avec gourmandise, Sirius offre un signe de tête à l'employé en remerciement et s'empare de la tasse pour en savourer une gorgée. Pas de sucre, pas de lait.. Il l'aime noir. Noir et amer, comme ce monde qui est le sien, comme ces rues tristes qu'il a appris à aimer à la lueur de la lune. Quoi de plus précieux que ces moments d'intimité avec la cité, lorsqu'il la parcourt amoureusement afin de la préserver ? Son regard perçant se fixe sur le jeune homme blond, et Sirius essaye de déterminer jusqu'où cette nouvelle source d'information est fiable.. Et gourmande pour la rémunération. Quoi que, peut-être sera-t-il surpris.. Peut-être ne demandera-t-il pas d'argent. Après tout, s'il est un habitué de la Reine Rouge pour froisser les draps ensembles, sans doute a-t-il droit à des faveurs plus concrètes également.

Sirius, bien qu'il ne le montre pas réellement à part le sourire en coin qui continue d'orner ses lèvres, est amusé de voir combien le comportement du jeune homme a changé. On est loin, très loin des avances sensuelles et provocantes. Très loin aussi de la candeur, ou quoi que ce soit d'innocent et d'immature. Face à lui, il a une personne capable de penser par elle-même.. Et peut-être un peu trop. Tout respire la confiance en soi, chez le petit blond. De sa pose à sa façon de parler ou de le fixer, le canidé peut humer l'odeur de l'assurance. Placidement, il rend à son interlocuteur son regard. Ce n'est nullement gênant pour lui d'avoir ainsi ses yeux planté dans ceux de quelqu'un. Il n'est pas de ceux que cela dérange ou intimide.. Au contraire. C'est somme toute une chose assez plaisante que de voir qu'il n'inspire pas la peur ou la méfiance à tout le monde. Un besoin inconscient de reconnaissance ? Peut-être.. Qui sait. Mais ne vous avisez pas de le dire en face, il n'est pas dit qu'il apprécie.

Alors que le blond prend son temps et prépare sa boisson, Sirius glisse ses deux mains autour de sa tasse. Sans un mot, il attend que le jeune homme ait finit à la fois de parler, et d'élaborer son breuvage. Tout vient à point à qui sait attendre, et Sirius est quelqu'un qui sait prendre son temps. Loin d'être uniquement un fauve vif, il est surtout un prédateur qui observe avant d'attaquer. Un bon chien de garde qui mord sans gronder ni prévenir, après avoir vu venir à lui son ennemi et sa proie.

Oh, qu'il aime ces moments de flottements et d'attente. Quand le temps semble s'arrêter, alors tous les possibles sont là, à chances équivalentes. Lequel prendra corps ?

Attentif, le brun incline légèrement sa tête en écoutant Poucet. Diantre, en voilà un qui n'a pas la modestie dans sa besace. Essaye-t-il de l'intimider et de lui en mettre plein la vue, en exhibant ainsi ses relations parmi les puissants ? Sirius espère que non, ce serait dommage. Voilà qui ferait descendre le petit d'homme dans son estime.. Ou du moins cela aurait été le cas si le gardien avait eu la moindre estime pour lui. mais ce n'est pas le cas, pas encore. Le respect est une chose qui se gagne, que l'on mérite. Et tout particulièrement celui de Sirius : il est assez avare et regardant sur les personne à qui il en fait don. Sans un mot, sans un mouvement, il écoute la suite. Ah, voilà que le blond lui montre patte de velours, à présent. Et d'une façon outrageusement flatteuse. Cela non plus, le chien n'est pas sûr d'aimer. Jamais les caresses n'ont transformés un molosse en chien de salon, et Sirius reste circonspect avec les compliments à peine voilés de Poucet.

Du coin de l'oeil, le brun remarque le petit geste des doigts sur le verre. Impatience ou nervosité ? Bah, ce n'est pas à lui d'en juger, et au fond peu importe. La proposition de son potentiel indicateur lui demande réflexion, et c'est autrement plus prioritaire. Avec un infime froncement de sourcils, Sirius braque à nouveau son regard sur Poucet, comme pour le jauger. jusqu'où irait-il dans les services qu'il pourrait demander ? Sirius n'est pas certains que ce soit une bonne idée. Il a déjà fonctionné avec ce genre de logique, et à bien des reprise il avait du rappeler à ses interlocuteur ce que signifie "équivalent".

Avec un petit soufflement sur sa tasse, puis une gorgée pour se donner le temps de réfléchir, le barghest observe sa tasse tout en prenant la parole. Ce n'est pas vraiment qu'il fuit le regard : il aime juste les mouvements circulaires du café dans lequel il vient de tremper ses lèvres. Si noir et si brillant à la fois.. Si hypnotique, en quelque sorte.

- Je ne suis guère friand du principe, à vrai dire. À plusieurs reprises déjà, par le passé, certains ont cru bon d'essayer de me rouler. Autant dire qu'ils s'en sont mordu les doigts par la suite.

Après un léger temps de silence pendant lequel il réfléchit à la proposition, Sirius relève la tête à nouveau. Toujours aussi serein, toujours avec ce fond de sourire en coin mi amusé, mi carnassier, il observe Poucet droit dans les yeux une fois encore.

- Soit, va pour le service équivalent. Mais j'apposerais des conditions. D'une part, nous devrons avoir convenu tous deux qu'il est effectivement de même teneur et importance que ce que je vous demanderais : cela préviendra les abus. D'autre part, je refuse de faire quoi que ce soit qui aille contre mes principes. Je suis un gardien, pas un caniche de boudoir à qui on fait faire le beau pour un vulgaire susucre. Cela vous convient-il toujours ?

La réponse du poucet arrache un soupire amusé au gardien. Mrouf, en voilà un au moins aussi prudent que lui, ou presque. Quelqu'un de bon sens, en tout cas. Inclinant la tête légèrement, d'un côté puis de l'autre comme le font les chiens qui écoutent, Sirius réfléchit à toute allure à la tournure de la conversation. Son visage est d'une totale neutralité, et une fois encore le voilà qui sirote pensivement son café. Léger tic du coin de la bouche : son breuvage commence déjà à refroidir. C'est le signe qu'une décision doit être prise. Une brêve inspiration pour humer l'air, et le barghest plante son regard dans celui de Poucet avec un sourire mi-figue mi-raisin.

- Je suis venu faire appel à votre mémoire.. Mais si vous permettez, je vous propose une petite promenade. Les mots ne mènent pas forcément à grand chose, et parfois il ets préférable de voir directement.

Petit silence, pendant lequel il finit sa tasse de café tiède. Nouveau tic du coin de la lèvre presque désappointé : il préfère tellement ce genre de boisson brûlante.. Bah. Il ne va pas gâcher. D'autant que sa nuit risque d'être longue. Posant sa mug, il s'étire brièvement le dos et les épaules par habitudes et se redresse. Son air mutin ne l'a pas quitté, et il est assez satisfait de quitter l'endroit à vrai dire. La vraie vie se passe au dehors. Inclinant la tête en direction de la sortie, le gardien souri à Poucet.

- Rassurez-vous. Je rembourserais le temps que je vous prends et pendant lequel vous ne pourrez pas avoir de clients. Et, oui : je me doute que vous ne manquez guère de moyens, mais considérez qu'il s'agit d'une question de principes, dans ce cas là. Non une rémunération, mais un remboursement équivalent. Je vous prie.

Le "je vous prie" est là plus ou moins pour la forme. Une sorte d'ajout de politesse, en somme : Sirius a déjà décidé qu'il rembourserait le jeune blond de toute façon. Droit comme toujours, il s'éloigne en direction de la sortie. Rien ne lui dit que Poucet acceptera de le suivre. Mais puisque celui-ci a proposé de d'abord écouter la demande.. Sirius en déduit que sur le principe il acceptera l'invitation. Et puis, il mise aussi un peu sur la curiosité du jeune homme. À tort, peut-être.

D'un pas tranquille, Sirius s'éloigne et s'arrête sur le perron de la taverne. Réajustant sa veste avec toujours ce sourire espiègle et tranquille à la fois, il observe la rue. Si au bout de Dix Poucet n'est pas là.. Non. Il sera là. Question d'instinct, pour le grand canin. Mais bien sûr, personne n'est infaillible. C'est avec plaisir que Sirius hume l'air ambiant. La nuit est là, et le sourire du brun s'agrandit un tantinet alors qu'il en ferme presque les yeux de satisfaction. Qu'il aime ce moment là. La nuit, il est partie intégrante de la ville, de Sa ville. Une ombre parmi tant d'autres, un gardien qui veille discrètement. S'il n'attendait pas Poucet, le barghest se serait coulé dans une zone de ténèbres et serait parti en chasse. Il n'a pas son pareille malgré sa masse pour se déplacer discrètement. À croire qu'il fait corps avec la ville et qu'on ne l'en distingue pas, dans ce genre de moments.

Avec un sourire satisfait, Sirius note que ses suppositions étaient juste : le blondinet le suit, en effet. Il se demande un instant ce qui peut bien motiver le jeune homme a être aussi conciliant. Après tout, rien ne l'oblige a vouloir collaborer d'aussi bonne grâce, ni à le suivre ainsi sans aucune garantie d el'endroit où il l'emmène. Ceci dit, si comme il le suppose Poucet donne crédit à sa réputation.. C'est à dire d'un homme droit, trop droit. À voir. Cette pensée arrache un léger sourire au gardien, qui en tire fierté et amusement à la fois. Ce n'est pas tout le monde qui doit être ravi de sa présence, après tout. Quant à son rôle, certains doivent très certainement continuer de trouver cela monstrueux.

Dehors, la ville bouge et reste animée malgré la nuit qui est déjà présente. Il est 21 heures, Douwha s'éveille. C'est une autre faune que celle qui anime les rues de jour. Plus discrète et bariolée à la fois, habituée à une ambiance feutrée faite d'ombres et de silhouettes mouvantes. Par-ci par-là, des lampadaires brisent de leur éclat les zones sombres qui envahissent les rues. En songeant au lieu où ils vont se rendre, Sirius sourit : ce sera un quartier autrement plus coloré et animé, mais non moins suave. Inclinant la tête en arrière, le chien noir observe le ciel. Les lumières de la ville empêchent de voir le ciel, ce qu'il regrette sur le moment. Avec un léger soupire, il se dit qu'un petit retour aux sources lui ferait du bien. Peut-être ira-t-il en forêt prochainement.

Poucet sort de la taverne et s'adresse à lui, le tirant de sa songerie. Où ils vont ? Hehe. Sirius arbore soudain un air mi amusé, mi énigmatique. Avoir un tel indic pour l'endroit où il le conduit.. Cela a de quoi faire sourire, en effet. Se mettant en route d'un pas souple

- Il y a eu une agression dans un autre quartier, durant la nuit d'hier au soir. On m'a assuré que vous étiez là et aviez pu éventuellement voir quelque chose.

Tranquillement, le brun fend la foule et se glisse entre les passants avec souplesse. Nul besoin de courir, de heurter.. La douceur paie bien plus dans ces cas là. Quel besoin aurait-il d'attirer l'attention sur lui ? Non, ce serait contraire à ses méthodes. Il préfère se faire oublier, rester discret pour ensuite pouvoir piéger ses victimes. Sirius est un prédateur, mais du genre patient.

- Oh, ne vous en faites pas pour votre tenue. Si c'est par rapport au regard des autres, je m'en soucis comme de mon premier jappement. Grand bien leur fasse si cela les perturbe, mais cela ne me concerne pas. Et sincèrement, je doute que qui que ce soit ose me faire des remarques sur mes "fréquentations".  Ce serait dommage. Pour lui.

Avec un très bref ricanement, Sirius se dit in petto que ce serait amusant que quelqu'un vienne justement l'apostropher à ce sujet. L'appel de la traque se fait plus insistant au fur et à mesure que la nuit s'épaissit, et il est impatient de retrouver le téméraire qui a oser souiller sa ville par un crime. Que Sirius ne se mette pas en chasse pour un rien mais seulement contre ceux qu'il considère comme des criminels est une chose. Que son côté bestial ne s'en amuse pas.. C'en est une autre. Avec un haussement d'épaule, Sirius revient sur terre à nouveau et balaye négligemment les derniers doutes de Poucet, our autant qu'il en reste.

- De toute façon, nul ne vous fera de commentaire là où nous nous rendons. C'est au quartier des plaisirs que s'est déroulée l'agression.